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dictionnaire universel rechercher basculer la navigation arts & métiers histoire naturelle religion logique morale science physique particulière beaux-arts non classifié preface imprimer e-mail détails écrit par pierre bayle il n'y a jamais eu peut-être de livre qui ait pû se passer plus aisément de preface que celuy-cy. car les traverses qu'il a essuyées avant que de voir le jour, ont donné lieu à plusieurs escrits qui l'ont fait connoître dans le monde avec assez d'éclat, & par des traits assez bien circonstantiez, pour n'avoir plus besoin que de se produire luy-même sans aucune sorte d'avant-propos. cependant, comme l'on est asseuré que si l'auteur avoit vécu jusques à cette heure, il auroit mis une preface à la tête de son dictionnaire l'on s'est crû obligé à se conformer à son dessein, encore qu'on se voye destitué de tout son projet, & de toutes les remarques qui auroient produit infailliblement entre ses mains un discours tout-à-fait curieux & instructif. cette privation n'a pû nous reduire à ne pas donner quelque chose à l'intention de l'auteur, & à la coûtume. voicy donc une preface. mais que le lecteur ne s'attende pas à nous voir pousser des lieux communs sur l'utilité des dictionaires. le public est assez convaincu qu'il n'y a point de livres qui rendent de plus grands services, ni plus promptement, ni à plus de gens que ceux-là: & si jamais on a pû s'appercevoir de cette favorable disposition du public par les frequentes reimpressions, ou par la multiplicité de cette sorte d'ouvrages, c'est sur tout en ces dernieres années; car à peine pourroit-on compter tous les dictionaires ou reimprimez, ou composez depuis quinze ou vingt ans, dont la plus-part ont été, & sont encore d'un debit extraordinaire. rien donc ne pourroit être plus superflu, que d'entreprendre icy la preuve si souvent donnée par d'autres de l'utilité de cette sorte de compilations. mais cela même nous montre qu'on ne sauroit publier le dictionaire de mr furetiere sous de plus favorables auspices, puis qu'on le fait pendant que le monde est encore dans le fort de sa passion pour cette espece de livres. ce n'est pas qu'on fasse difficulté de declarer, qu'en quelque autre temps qu'il eût pû paroître, on auroit dû se flatter de l'esperance d'un tres-bon accueil. car c'est un ouvrage distingué avantageusement par tant d'endroits, qu'il n'y a point de depravation de goût, ou de contretemps bizarres, contre lesquels il ne semble qu'il pourroit tenir. comme le public en a pû juger par l'essay que l'auteur en distribua à paris, & qui fut tout aussi-tôt reimprimé en hollande, on se croit moins obligé de faire connoître icy au lecteur l'importance de ce dictionaire. on suppose avec raison sur le grand cours qu'ont eu ces fragmens & ces pieces detachées, que l'ouvrage est déja si connu & si estimé, qu'il n'a plus besoin de ces favorables preventions, que les ecrivains ou les libraires tâchent d'inspirer dans une preface, par des denombremens artificieux, & par certains details qu'ils choisissent, & qu'ils exposent le plus avantageusement qu'il leur est possible. on ne fera donc pas remarquer au lecteur, que mr. l'abbé furetiere ayant travaillé long-temps à composer & à polir son ouvrage, a pû profiter des bonnes & des mauvaises qualitez d'un tres-grand nombre d'auteurs qui l'ont precedé en ce genre de travail; & qu'il en a pû profiter d'autant plus considerablement, que lors qu'il avoit le plus à coeur son dictionaire, il en paroissoit souvent d'autres reveus, corrigez & augmentez: ce qui ne pouvoit manquer de le conduire aux plus justes idées de la perfection d'un tel ouvrage, tant parce qu'il remarquoit comment on avoit remedié aux défauts des premieres editions, que parce qu'il apprenoit des lecteurs les plus éclairez, si on avoit bien ou mal remedié. on ne fera point non plus ressouvenir le public, que mr. furetiere a inseré dans son i. factum une critique sur le dictionaire de l'academie, par laquelle on peut s'appercevoir clairement, qu'il découvroit jusqu'aux plus petits defauts d'exactitude. or c'est beaucoup, qu'un auteur se fasse des regles si severes, & en comprenne si vivement toute l'étenduë selon la plus scrupuleuse precision: car si ce n'est pas une marque convaincante qu'il les consulte aussi exactement lors qu'il compose, que lors qu'il censure le travail d'autruy, c'est du moins un prejugé en sa faveur. on n'avertira point non plus le public, que la secheresse qui accompagne ordinairement les dictionaires n'est pas à craindre dans celuy-cy. car outre que la vaste étenduë, & la carriere immense que l'auteur a choisie pour son dessein, fournit dans chaque page beaucoup de diversité, & ne permet pas que le lecteur fasse beaucoup de chemin sans apprendre quelque chose qui en vaut la peine; outre cela, dis-je, on a soin de donner du relief aux definitions par des exemples, par des applications, par des traits d'histoire; on indique les sources, on marque souvent les origines & les progrez; on refute, on prouve, on ramasse cent belles curiositez de l'histoire naturelle, de la physique experimentale, & de la pratique des arts & des sciences; de sorte qu'au lieu d'amplifier l'idée de son ouvrage, l'auteur l'a retressie, quand il a dit en dediant ses essais au roy, qu'il avoit entrepris l'encyclopedie de la langue françoise. a quoy serviroit de dire, que la vivacité qui a paru dans ses factums, ne doit pas faire soupçonner qu'il ait manqué de la patience & de l'application phlegmatique que son entreprise demandoit? car la republique des lettres ignore-t'elle, que les françois, qui semblent, à n'en juger qu'à veuë de pays, beaucoup plus propres à des études promptement expediées, qu'à celles qui demandent une longue & infatigable application, s'acquittent aussi-bien que, qui que ce soit du métier de compiler, quand ils s'en mêlent? c'est ce qui seroit aisé de prouver par des exemples de toute nature, si c'en étoit icy le lieu. mais sans sortir de l'espece dont il est question presentement, d'où sont venus, je vous prie, les dictionaires de la plus penible recherche, & portez du premier coup le plus prés de la perfection, que d'un robert estienne, & de son fils henry? où est le savant parmi les nations les plus fameuses pour l'assiduité au travail, & pour la patience necessaire à copier, & à faire des extraits, qui n'admire là-dessus les talens de mr. du cange, & qui ne l'oppose à tout ce qui peut être venu d'ailleurs en ce genre-là? si quelqu'un ne se rend pas à cette consideration generale, on n'a qu'à le renvoyer ad poenam libri: qu'il feüillete ce dictionaire, & il trouvera, pour peu qu'il soit connoisseur, qu'on n'a pû le composer sans être un des plus laborieux, & des plus patiens hommes du monde. on ne nie point que l'auteur n'ait eu des avantages qui ont manqué à ceux qui ont fait les dictionaires des langues mortes. car avec moins de travail il a pû savoir au juste toutes les differentes notions des mots, & les proprietez de leur combinaison. chacun se peut convaincre par sa propre experience, qu'il est plus facile d'entendre à demi-mot les diverses significations des paroles en sa langue maternelle, qu'avec beaucoup de meditation le sens que l'on doit donner en mille rencontres aux expressions des auteurs latins. mais le seul avantage des dictionaires des langues vivantes par dessus les dictionaires des langues mortes, n'est pas que dans les premiers on donne plus aisément & plus seurement que dans les autres, la veritable signification des termes, selon toutes leurs combinaisons, & selon la diversité des matieres où on les employe: voicy encore un avantage tres-important, c'est que les dictionaires d'une langue morte ne la representent qu'en partie, parce que ceux qui les compilent, ne sauroient où prendre une infinité de mots qui ont aussi proprement appartenu à cette langue, que les mots qui nous en sont encore connus; car, par ex